Les professeurs principaux sont-ils de bons conseillers d’orientation ?
Pour 10 à 30% des élèves (chiffres du Cnesco 2018), les conseils des enseignants jouent un rôle significatif dans le choix des parcours académiques et professionnels. Il faut s’interroger sur l'impact des conseils des enseignants sur l'orientation scolaire des élèves en relation avec le nombre de réorientation post-bac.
Mais alors, déjà, explorons sur quels éléments se basent ces conseils.
- L’évaluation des connaissances des élèves (leurs notes ou les matières dans lesquelles ils excellent),
- Leur parcours scolaire,
- Quelques idées préconçues sur les opportunités offertes par les différentes voies de formation.
Il est possible de tirer rapidement deux conclusions centrales, la première, c'est que ces conseils sont basés sur peu d’éléments personnels et la deuxième est la conséquence des types d’éléments sur lesquels ils sont basés, il s’agit ici de conseils d’insertion professionnelle et non pas d’orientation ! Voici dont un premier élément de réponse à la question générale.
Comme je veux garder cet article concis, je vous invite à faire des recherches annexes dans mes articles précédents ou sur Internet, au besoin, sur ces concepts d’insertion / orientation et ce qui en découle.
Pourtant « les élèves dont le principal interlocuteur a été le professeur principal sont particulièrement satisfaits de cet accompagnement (63 %) », sur quels éléments est basé ce chiffre, est-il issu d’un questionnaire présenté aux étudiants en début de 1ère année post bac ou 3 ans après, puisque l’on sait qu’il y a plus de 37% de réorientation en 2ème année post-bac ?
Tout cela reste bien nébuleux.
Mais, pour en avoir une vision plus précise, il s’agit d’intégrer un peu de bon sens à l’aide de deux composantes, il n’est même pas nécessaire de plus complexifier pour comprendre.
L’étudiant qui vient de faire un semblant de choix d’orientation (le choix d’une voie sur Parcoursup) après des mois d'indécision, a la perception que cela a du sens, car cela provient d’un conseil émis par un professionnel, qui plus est son professeur principal, qui est supposé le connaître, savoir de quoi il parle et à même de le conseiller au mieux de ses intérêts, ce mécanisme étonnant est possible grâce au biais d’autorité.
Et puis pour l’étudiant anxieux et sa famille qui l’était tout autant, c’est une délivrance il est donc soulagé du poids de ce choix, et il n’a pas forcément encore pris conscience de tout puisque justement ce choix n’a pas été suffisamment réfléchi.
Il s’agit d’un problème majeur car il est extrêmement rare que ces conseils soient basés sur une compréhension réelle des aspirations des élèves, leurs valeurs, leurs envies, leurs passions, etc. et qu’ils ne reflètent pas uniquement les opinions personnelles des enseignants.
Les conseils fournis par les enseignants ne peuvent que manquer de précision ou de pertinence si ces derniers ne connaissent pas bien les élèves. Lorsqu'un enseignant n'a pas une connaissance approfondie des aspirations, des intérêts et des compétences extrascolaires particulières et des capacités individuelles d'un élève, les conseils risquent de refléter davantage les préjugés ou les suppositions personnelles de l'enseignant plutôt qu'une évaluation objective des besoins spécifiques de l'élève.
Et je peux souligner ici l’enjeu pour les filles qui en plus sont soumises aux stéréotypes de genre, une question sur laquelle je travaille.
En conséquence, je vous recommande la vigilance face aux conseils des enseignants sur les choix d'orientation.
Référence
- Crédoc, Aider les jeunes a mieux identifier leurs gouts et motivations personnelles: Un levier pour améliorer l’orientation, Cnesco, 2018