Enfant, je crois que l’on peut dire qu’à tous les niveaux j’étais un petit Tom Sawyer, rebelle, coquin, entier, sauvage, taquin, anticonformiste, avide de liberté, d’agir et de penser, définitivement tourné vers l’amusement et l’expérience, l’insouciance et l’aventure. Et j’avais mon Huckleberry, que je retrouvais tous les soirs et les week-ends, enfin les rôles étaient peut-être inversés, mais ce n’est pas le plus important.

J’ai fini par devenir accompagnant sur les questions de choix à enjeu au sens large, certains y verront une évidence et d’autres certainement autant d’étonnement que moi en écoutant mon histoire. Car non, même si nous sommes le résultat de notre expérience, je ne conçois pas le « c’était écrit » mais bien le « c’est à écrire ».

À l’école, je n’étais pas perturbateur, mais je ne travaillais pas, ma mère me courrait après dans la maison trois fois par semaine pour faire des dictées que je haïssais et je m’enfuyais au parc ou je passais toutes mes soirées avec mon copain. La maison de mes parents donnait sur le parc rivière à Bordeaux, qui à cette époque était laissé assez sauvage, on pouvait grimper sur les ruines du château, se faire des cabanes dans les arbres et se cacher dans les herbes hautes. C’était classe.

En classe cependant, je rêvassais aux aventures qui m’attendaient le soir et j’étais simplement intéressé par la récré pour jouer au foot sur les terrains de Tivoli, et mes parents qui étaient très inquiets m’ont alors envoyé chez le psy.

Le psychologue comme les maitresses, de ce que l’on m’a raconté, s’accordaient à dire que ce n’était pas un problème d’intelligence et tout ce beau monde était bien circonspect, mais comme la maitresse me trouvait mignon et plein de potentiel, je passais de classe en classe. À l'époque, on ne parlait pas de surdoués ou HPI.

D’après mes parents, la première fois que j’ai parlé de mon futur métier, vers 8 ans, ce serait lorsque j’ai demandé à ma mère dans la rue : « Dit maman, comment on fait pour devenir clochard ? ». J’avais déjà un esprit ergonomique, tourné vers l’analyse de l’activité sans le savoir… ;)

Elle m’a répondu que ce n’était pas un métier et se souvient avoir été bouleversée et très soucieuse pendant plusieurs jours. 

Dès 15 ans, je m’intéressais à la psychologie, la psychanalyse et de temps à autre à la philosophie, je ne lisais que cela, j’étais beaucoup moins humble qu’aujourd’hui, très fier et à la fois mon esprit critique manquait d’exercice. Je faisais le malin auprès des filles avec un succès relatif, en élaborant sur des sujets que j’étais le seul parmi mes copains à aborder.

J’ai toujours senti un décalage, notamment dans mes valeurs, ma représentation et mon vécu de la nature des relations personnelles, mais également mon champ de vision plus large dans l’analyse des situations et contextes. Peut-être cette fameuse image comparant la 2D et la 3D que beaucoup de HPI décrivent. Je cherchais à masquer avant tout ma grande sensibilité et ma lecture de l’autre, qui m’a valu humainement beaucoup de désillusions. Je ne prenais pas conscience pleinement, de l’écart que je vivais.

J’ai été tous les styles d’élèves durant mon parcours, de celui qui dort au fond de la classe près du radiateur en hiver, à celui qui s’investit avec la recherche des meilleures méthodes pour optimiser le temps passé et les résultats. Aucun étudiant ne peut me balader, au grand damne de mes enfants.

Alors que je venais de valider ma licence de psychologie, bien interrogatif devant le choix de spécialisation que je devais faire puisque la clinique ne m’intéressait pas, je croise dans un couloir un professeur d’ergonomie qui me convainc de choisir sa spécialité (me recrute pour remplir ses quotas) pour mon master. C’était la première fois que je me faisais influencer durant mon parcours. À la fois, je ne regrette pas et à la fois, j'en retire beaucoup de rancœur. Surtout que ma personnalité, qui ne tient pas dans le rang, ne respecte pas l’ordre établi par principe, les conventions, les normes, les usages et ne considère quasi personne comme une sommité, a priori, et encore moins ceux qui s’autocongratulent en petit groupe d’autorité sur certains sujets et pour pas grand-chose, ne plaisait pas du tout à mon directeur de recherche.

À la fin du Master, j’ai pris du recul, et en faisant le bilan de mes envies et de mes aptitudes intrinsèques, j’ai choisi de faire un DESU de coaching professionnel à Paris 8 et durant cette année, y compris via la pratique, j’ai compris que ce qui me tenait à cœur, c’était d’aider les autres à faire des choix de vie cruciaux en évitant à tout prix de les influencer et en veillant à ce qu’ils évaluent leur choix sous tous les angles et leurs conséquences.

Depuis 20 ans, j’accompagne certainement plus pour moi que pour mes clients. Pour les avoir ressenties, je connais toutes les ficelles psychologiques, tous les recoins de la pensée sur les problématiques de choix, d’investissement, d’engagement, je vois assez vite ce qui se joue.

Je connais les ressorts de toutes les difficultés de scolarité jusqu’aux problématiques d’échec scolaire, car je les ai vécues de l’intérieur.

L’échange est pour moi le plus bel outil d’évolution. Je suis incapable de ne pas retourner toutes les pierres sur le passage de mon questionnement et de ma pensée, de ne pas envisager les problèmes dans leurs multiples dimensions. Pour certains dans ma vie privée, c’est fatiguant, pour mes clients, c’est ce qui fait toute la différence.

Je remercie tous ceux qui m’ont fait confiance jusqu’ici pour ne rien laisser au hasard et tout décortiquer avec attention afin de les accompagner dans leurs choix. Nous nous sommes enrichis mutuellement.

Coach de carrière depuis 2004 et Auteur, diplômé de l'Université de Paris VIII en psychologie du travail, ergonomie et coaching. Il a travaillé à l'Université de Paris Sorbonne Nouvelle et à l'Université de Paris Orsay, dans le cadre d'un programme de formation destiné aux diplômés et doctorants pour les aider à optimiser leur communication et identifier leurs objectifs de carrière et leur futur job.

Il a aidé plusieurs centaines d'étudiants, d'adolescents et d'adultes à trouver intelligemment leur métier, avec le soucis principal de proposer un accompagnement sans influence.

Président et membre fondateur de l'Association française du coaching scolaire et étudiant, il est régulièrement sollicité par les médias et a été interviewé notamment par "Le Monde" et "Le Figaro".