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L'exigence n'est pas négociable !

Devenir surdoué / zèbre / HPI, c'est possible. Voici comment !

La notion de "devenir" surdoué, zèbre, ou HPI (Haut Potentiel Intellectuel) à l’air ridicule, hein ? Bah surtout que gagner 10 points de QI me semble à la portée de tous, même plus.

Par contre, approcher cette question ainsi pose de nombreuses questions sur la nature de l'intelligence et du potentiel intellectuel, mais aussi sur l’intérêt du QI et de son score, et encore plus si l’on considère que c’est la seule valeur admise par l’institution pour catégoriser les enfants et « admettre » leurs particularités.

Alors amusons nous un peu, et laissez-moi développer et vous montrer comment on devient surdoué !

Traditionnellement, être surdoué est perçu comme une caractéristique innée, souvent déterminée par des tests de QI qui placent un individu dans les percentiles les plus élevés de la population. Cependant, la question de savoir si l'on peut développer des traits associés à la douance est plus nuancée, en pratique oui, en termes de fonctionnement je ne m’avancerais pas.

La base génétique et environnementale du HPI

Les capacités cognitives élevées résultent d'une interaction complexe entre les facteurs génétiques et environnementaux. Robert Plomin (2018), un généticien du comportement, a démontré que l'intelligence possède une composante génétique significative, souvent estimée à environ 50-70% selon les études. Cette composante innée détermine en partie le potentiel intellectuel d'un individu. Cependant, Eric Turkheimer (2003) a montré que l'impact des gènes sur l'intelligence est modulé par l'environnement, soulignant que dans les milieux socio-économiques favorisés, la génétique a un rôle plus prépondérant, tandis que dans les environnements défavorisés, c'est l'environnement qui joue un rôle clé.

En parallèle, les travaux de Richard Nisbett (2011) et James Flynn (2007) ont illustré comment des facteurs environnementaux tels que l'éducation, la nutrition et la stimulation cognitive peuvent influencer de manière significative l'expression des capacités intellectuelles, même chez ceux qui ne possèdent pas un potentiel génétique élevé. Par exemple, l'"effet Flynn", qui désigne l'augmentation des scores de QI d'une génération à l'autre, nous allons approfondir, témoigne de l'impact environnemental sur l'intelligence.

La psychologie sociale apporte également des éclairages sur la manière dont l'intelligence est façonnée par des facteurs externes. Claude Steele (1997) a introduit le concept de menace du stéréotype, montrant que les performances intellectuelles peuvent être influencées par les attentes sociales et les stéréotypes liés à l'intelligence. De plus, les recherches de Carol Dweck (2006) sur la "mentalité de croissance" ont révélé que la croyance en la possibilité de développer son intelligence par l'effort et l'apprentissage peut effectivement conduire à des améliorations significatives des capacités cognitives.

En somme, si la base génétique pose les fondations de l'intelligence, l'environnement et les facteurs psychosociaux jouent un rôle crucial dans l'expression et le développement de ce potentiel, démontrant que l'intelligence est un trait dynamique et évolutif.

L'impact de l'éducation, du développement et de l'entraînement

L'environnement éducatif joue un rôle crucial dans le développement des capacités cognitives. James R. Flynn (1987), à travers le phénomène appelé "effet Flynn", a observé que les scores de QI augmentent de génération en génération en raison d'une amélioration des conditions de vie et de l'accès à l'éducation. Cet effet suggère que l'intelligence n'est pas statique et peut être influencée par l'exposition à des environnements riches en stimuli cognitifs.

Il est également possible de s'entraîner spécifiquement pour améliorer les scores aux tests de QI. Puisque ces tests sont basés sur des tâches assez scolaires, impliquant des compétences telles que la résolution de problèmes mathématiques, la compréhension verbale et la mémoire de travail, un entraînement ciblé peut effectivement mener à des gains de points. Mackintosh (2011) a montré que, grâce à un entraînement rigoureux et au développement des compétences cognitives associées, il est possible de gagner entre 5 et 10 points de QI. Ce processus d'entraînement peut inclure la pratique de tests de QI, la résolution régulière de puzzles cognitifs, ainsi que des exercices visant à améliorer la vitesse de traitement de l'information et la mémoire.

Les recherches de Heckman et al. (2006) ont également mis en lumière l'importance des interventions éducatives précoces. Ces chercheurs ont montré que des programmes éducatifs intensifs pour les jeunes enfants, surtout dans les milieux défavorisés, peuvent avoir un impact durable sur le développement cognitif et émotionnel. Ces interventions, combinées à des environnements de soutien, peuvent améliorer les résultats scolaires et professionnels à long terme, illustrant ainsi la manière dont l'éducation peut moduler l'intelligence.

Plasticité cérébrale et apprentissage

La plasticité cérébrale, ou neuroplasticité, est la capacité du cerveau à se réorganiser en formant de nouvelles connexions neuronales tout au long de la vie. Lutz Jäncke (2009), un neuroscientifique suisse, a montré que la pratique intensive dans des domaines spécifiques peut modifier la structure et la fonction du cerveau, ce qui permet d'améliorer certaines capacités cognitives. Par exemple, les musiciens professionnels montrent une densité accrue de matière grise dans les zones du cerveau associées à la motricité fine et à l'audition. Cela suggère que, même chez les adultes, il est possible de développer des compétences complexes grâce à une pratique délibérée et intensive.

D'autres études, comme celles de Merzenich et al. (2014), ont exploré comment des programmes d'entraînement cognitif peuvent renforcer les capacités cérébrales chez les adultes, y compris ceux qui ne sont pas initialement considérés comme ayant un haut potentiel. Cela démontre que le cerveau reste malléable tout au long de la vie, permettant le développement de compétences proches de celles associées aux individus à haut potentiel.

Le rôle des expériences de vie

Les expériences de vie jouent également un rôle clé dans le développement intellectuel. Richard Nisbett (2011) a démontré que les expériences enrichissantes, telles que l'exposition à différentes cultures, la résolution de problèmes complexes, et l'interaction avec des personnes de divers horizons, peuvent stimuler l'intelligence. Ces expériences favorisent le développement de la pensée critique, de la créativité et de la flexibilité cognitive, des traits souvent observés chez les surdoués.

Les recherches en psychologie sociale montrent également l'importance des interactions sociales dans le développement de l'intelligence. Vygotsky l’un des pionniers dès 1978, avec sa théorie du développement proximal, a souligné que l'apprentissage se produit souvent dans un contexte social, où les interactions avec des individus plus expérimentés peuvent guider le développement cognitif. Cette approche est soutenue par des études modernes montrant que les environnements collaboratifs et les expériences sociales stimulantes peuvent accélérer le développement intellectuel, même à l'âge adulte.

Mais alors, peut-on "devenir" surdoué ?

Oui, si l'on parle strictement du QI, car il est prouvé qu'un individu peut augmenter considérablement son QI, de 5 ou 10 points. Ce qui fait que tout individu ayant un QI autour des 120 pourrait atteindre les 130, sans aucune considération des conditions de la passation et de ses effets.

Mais il est aussi possible de développer des compétences et des traits qui sont souvent associés aux surdoués ou aux HPI, tels que la pensée critique, la créativité, l'empathie et la capacité à résoudre des problèmes complexes. En ce sens, bien que l'on ne puisse pas "devenir" surdoué au sens de toutes les composantes et caractéristiques associées, on peut certainement acquérir des caractéristiques similaires à celles de certains HPI à travers un développement personnel soutenu, une éducation adaptée, et un entraînement ciblé.

Comment développer des traits associés aux HPI ?

Pour ceux qui souhaitent développer des capacités et des traits souvent associés aux HPI, voici quelques stratégies pratiques :

1. Cultiver la pensée critique, la lucidité et la curiosité

  • Stimuler la pensée critique : Engagez-vous régulièrement dans des activités qui nécessitent de la réflexion, telles que la résolution de problèmes mathématiques, la lecture de textes philosophiques, ou l'analyse de situations complexes. Ces exercices permettent de renforcer les capacités d'analyse et de raisonnement logique.
  • Encourager la curiosité : Posez-vous constamment des questions sur le fonctionnement des choses. Explorez de nouveaux domaines de connaissances, même en dehors de vos compétences habituelles. Cette curiosité constante est un trait souvent observé chez les surdoués.

2. Développer l'intelligence émotionnelle

  • Pratique de la pleine conscience : La méditation et les exercices de pleine conscience peuvent aider à développer une meilleure régulation émotionnelle et une conscience accrue des autres. L'intelligence émotionnelle, qui comprend la reconnaissance et la gestion des émotions, est un trait clé chez les HPI.
  • Participer à des discussions profondes : Engagez-vous dans des conversations significatives avec vos amis qui vous poussent à comprendre différentes perspectives. Cela améliore l'empathie et la compréhension des dynamiques interpersonnelles complexes. Prenez conscience de tous les enjeux de l’autre.

3. Stimuler la créativité

  • Impliquer la pensée divergente : Participez à des activités créatives, telles que l'art, la musique, ou l'écriture. Ces activités encouragent la pensée divergente, qui est la capacité de générer des idées nouvelles et originales.
  • Résoudre des problèmes de manière innovante : Cherchez toutes les solutions possibles puis des solutions non conventionnelles aux problèmes que vous rencontrez dans la vie quotidienne. La capacité à penser en dehors des sentiers battus est souvent associée aux surdoués.

4. S'entourer d'un environnement stimulant

  • Créer un environnement d'apprentissage riche : Entourez-vous de livres, d'outils d'apprentissage et de personnes qui vous inspirent. Un environnement riche et stimulant est crucial pour développer ses capacités intellectuelles.
  • Chercher des mentors et des modèles : Trouvez des personnes qui peuvent vous guider et vous inspirer dans votre quête de développement personnel. Les mentors peuvent vous offrir des perspectives précieuses et des défis intellectuels.

5. S'engager dans un développement personnel continu

  • Éducation continue : Ne cessez jamais d'apprendre. Que ce soit par des cours formels, des ateliers, ou l'auto-apprentissage, continuez à développer vos connaissances et compétences. Questionnez tout et tout le temps. Soyez ouverts et réinterrogez vos croyances.
  • Prendre soin de sa santé mentale et physique : Le bien-être général joue un rôle important dans la capacité à penser clairement et de manière créative et lucide. Une bonne santé mentale et physique est essentielle pour un développement optimal des capacités intellectuelles.

Conclusion

Bien que l'on ne puisse pas littéralement "devenir" surdoué ou HPI dans le sens d'une augmentation drastique du QI qui serait supérieure à 20 points, il est tout à fait possible de développer des capacités et des traits associés aux surdoués. Grâce à un engagement dans l'apprentissage continu, la curiosité, la créativité, la lucidité, la remise en question et le développement personnel, chacun peut cultiver un potentiel intellectuel et émotionnel élevé. L'intelligence, au-delà du QI, est un concept évolutif et dynamique qui peut être enrichi tout au long de la vie.

Références

  1. Plomin, R. (2018). Blueprint: How DNA Makes Us Who We Are. MIT Press.
  2. Turkheimer, E. (2003). Socioeconomic Status Modifies Heritability of IQ in Young Children. Psychological Science, 14(6), 623-628.
  3. Nisbett, R. E. (2011). Intelligence and How to Get It: Why Schools and Cultures Count. W. W. Norton & Company.
  4. Flynn, J. R. (1987). Massive IQ gains in 14 nations: What IQ tests really measure. Psychological Bulletin, 101(2), 171-191.
  5. Heckman, J. J., et al. (2006). The Effects of Cognitive and Noncognitive Abilities on Labor Market Outcomes and Social Behavior. Journal of Labor Economics, 24(3), 411-482.
  6. Jäncke, L. (2009). The plastic human brain. Restorative Neurology and Neuroscience, 27(5), 521-538.
  7. Merzenich, M. M., et al. (2014). Neural Plasticity in Response to Cognitive Training in Adults. Frontiers in Human Neuroscience, 8, 1-14.
  8. Steele, C. M. (1997). A threat in the air: How stereotypes shape intellectual identity and performance. American Psychologist, 52(6), 613-629.
  9. Vygotsky, L. S. (1978). Mind in Society: The Development of Higher Psychological Processes. Harvard University Press.
  10. Dweck, C. S. (2006). Mindset: The New Psychology of Success. Random House.
  11. Mackintosh, N. J. (2011). IQ and Human Intelligence. Oxford University Press.

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