État de la recherche : les infographies limitent votre compréhension conceptuelle.
Sur LinkedIn il y aussi la guerre, et elle se livre avec des bombardements d’infographies, moi perso, après deux semaines de présence, je me suis rendu compte que d’une part je saturais, mais surtout, qu’il n’en restait pas grand-chose et cela m’a amené à m’interroger et à approfondir.
Ce sujet m’a intéressé en lien avec l’externalisation du cerveau par l’IA un article que je viens de publier et que je vous invite en lire en préambule. Quand vous allez vous représenter la conjonction des deux dans votre quotidien et visualiser le futur...
Tous ces visuels, cela ne vous endort pas un peu le cerveau ?
Nous allons le voir via une étude faite par des chercheurs de Cambridge, des dizaines de recherches en psychologie montrent que, les infographies sont efficaces pour susciter de l’intérêt, bref attirer l’oeuil, générer de l’engagement et transmettre rapidement des idées primaires, mais elles montrent surtout qu’il s’agit d’une forme de mémorisation assez superficielle, limitant la compréhension conceptuelle.
Les infographies ne constituent pas nécessairement le meilleur support pour un apprentissage approfondi et durable. Elles sont ainsi plus adaptées pour présenter des résumés ou introduire des concepts, mais pas pour encourager une réflexion critique et une compréhension détaillée.
Les infographies sont souvent vantées pour leur efficacité à transmettre rapidement des informations visuelles mais les études ne sont pas si catégoriques et aussi simples et les experts remettent en question leur réel impact sur l'apprentissage et la rétention. Selon l’étude de Bresciani et Eppler (2009) « The Benefits of Visualization in Learning. Learning and Instruction », les infographies sont particulièrement efficaces pour attirer l’attention et faciliter la mémorisation à court terme grâce à des représentations visuelles simplifiées. Cependant, cet attrait visuel peut entraîner une mémorisation plus superficielle, ce qui limite la capacité de réflexion approfondie ou d’analyse critique. Les auteurs montrent que le cerveau traite rapidement les images, mais ils soulignent que cela ne signifie pas nécessairement une compréhension en profondeur.
Une autre étude réalisée par Lankow, Ritchie, et Crooks (2012) dans leur livre Infographics: The Power of Visual Storytelling, explore comment les infographies sont utilisées pour maximiser l’engagement. Ils précisent que leur format les rend plus susceptibles de susciter des réactions émotionnelles que d’encourager une compréhension cognitive complète. En effet, en particulier dans un contexte marketing, les infographies sont souvent conçues pour faire le buzz, générant ainsi du partage et de l’attention sur les réseaux sociaux, au détriment d’un apprentissage approfondi et durable.
D'un autre côté, une analyse de Mayer et Moreno (2003) «Nine ways to reduce cognitive load in multimedia learning. Educational Psychologist » , experts en apprentissage multimédia, montre que les éléments graphiques dans les infographies peuvent fournir des « ancrages visuels », utiles pour rappeler des informations importantes. Toutefois, ils mettent en avant le risque d'une surcharge cognitive, surtout lorsque l’infographie manque de liens logiques ou de cohérence interne. Selon leurs recherches, si les infographies simplifient excessivement les informations, elles pourraient compromettre la compréhension conceptuelle nécessaire à un apprentissage de qualité.
Les conclusions de ces recherches indiquent que, bien que les infographies soient efficaces pour un apprentissage de surface et une introduction à des sujets, leur utilité pour des réflexions plus approfondies reste très limitée.
Pour aller plus loin, avec les références de plus de 30 recherches sur le sujet et un récapitulatif de ce que montrent chacune d’entre elles, ce qui est rare : « The Risks of Visualization A Classification of Disadvantages Associated with Graphic Representations of Information” (2008) de Bresciani.S et Eppler, M. J (Faculty of Communication Sciences
Lugano, Switzerland) sous forme de méta analyse qui devrait vous intéresser et vous convaincre au-delà de votre propre expérience des infographies : https://www.knowledge-communication.org/pdf/bresciani-eppler-risks-visualization-wpaper-08.pdf