Avec l’essor de Google, les habitudes cognitives des individus ont radicalement changé. Une série d’études menées dans les années 2000, comme celles de Betsy Sparrow, professeure de psychologie à l’Université de Columbia, a révélé que la disponibilité constante d’Internet influence la mémoire humaine. Nous n'essayons plus de retenir l'information, mais simplement de savoir où et comment la trouver. Ce phénomène, appelé Google Effect, a créé une dépendance à l’accès instantané à la connaissance, mais a également fait baisser la capacité à réfléchir en profondeur.
Et là tout de suite, je m’interroge face à cette tendance, à quel point cela influence les enfants à ne réviser uniquement que pour le contrôle la veille au soir comparé à 20 ans auparavant ?

Aujourd'hui, avec l'avènement de l'intelligence artificielle, ce phénomène atteint un nouveau palier. L'IA n'est plus seulement un répertoire d'informations, elle devient un acteur de la réflexion elle-même.

Le cloud + l'IA = information + réflexion

Donc c’est un cerveau à disposition et bientôt il sera aussi intelligent et 10 000 fois plus rapide pour faire une méta analyse que les meilleurs chercheurs et l’objectif semble être la reproduction de la qualité de la pensée humaine dans ce qu’elle peut avoir de plus particulier, même jusqu’à l’émotion.

La délégation de ces processus mentaux risque de faire décroître notre capacité à penser par nous-mêmes.

Qu'est ce qui motivera la grande majorité des gens et des étudiants à penser par eux même sur des sujets d’importance dans le monde de demain, alors que déjà aujourd'hui, l'esprit critique et la pensée personnelle de qualité se meurt au quotidien ?

L’esprit critique est déjà en voie de disparition !

Imaginez un peu la dimension du problème en constatant la réalité datant de 2016 : selon une étude menée par l’Université de Stanford en 2016, 82 % des jeunes interrogés étaient incapables de distinguer un contenu sponsorisé d’un article factuel. Vous savez, c’est le « Native Advertising », vous trouverez un article dans le blog à ce sujet.

Cette perte de repères est symptomatique d’une baisse globale de l’esprit critique dans une société hyperconnectée où l’information est consommée de manière superficielle et essentiellement à base d’image qui sont bien souvent un ensemble de faits et de conseils mais pas de vraie élaboration de pensée. Ceci est conjugué à d’autres phénomènes comme les fake news, les deep fake, les mythes, idées reçues, croyances, et mauvaises interprétations de la science dans lesquels nous baignons déjà.

Le problème n’est donc pas seulement lié à l’accès aux données, mais à la manière dont elles sont présentées et par conséquent dont elles sont traitées. Et aujourd’hui sur les réseaux, les contenus posent déjà problèmes puisque ce qui buzz ce sont les infographies, malgré que pour l’apprentissage elles soient minimalistes et souvent exemptent de raisonnement ou lien entre les idées, mais c’est un autre sujet et sera l’objet de mon prochain article.

Qu’est-ce qui motivera la réflexion dans le futur ?

La grande question selon moi est donc de savoir ce qui, demain, incitera les jeunes et futurs adultes à apprendre, tenter de retenir, à cultiver leur esprit critique et à entretenir une pensée indépendante durant leur scolarité et après. Déjà sémantiquement nous sommes à l’ére de la « création de contenu », il n’est pas question d’avoir quelque chose à dire d’intéressant et qui fait avancer la réflexion sur un sujet, ou encore pointer du doigt des questions intéressantes ou une bribe de raisonnement, mais bien de répéter sous un nouveau format.

Alors que l’intelligence humaine pourrait se voir délaissée au profit de l’IA, la nécessité de maintenir l’esprit critique pourrait venir de deux sources : l'éducation avec une adaptation nécessaire des parents et des programmes d’enseignements, et la philosophie.

Mais, les parents sont dépassés par les problématiques d’usage du numérique et des périphériques, les programmes d’enseignements mettent des années à s’adapter et on toujours plusieurs trains de retard et la philosophie n’est enseignée que très tardivement.

Et on parle ici d’une minorité à l’échelle de la population mondiale.